A la rencontre de Mathieu MENEGAUX

3 avril 2017

Lors de ma visite au salon du livre de Paris, je suis allée à la rencontre de Mathieu Menegaux, suite à la lecture de "je me suis tue" (cliquer sur l'image pour accèder à ma chronique). Une rencontre très sympathique, un auteur passionné et passionnant qui a répondu à quelques unes de mes questions.

Quel a été l'élément déclencheur de l'écriture de "je me suis tue" ?

"J’ai rêvé de cette histoire. J’ai rêvé de cette femme violée qui reconnaissait quelques années plus tard le regard de son violeur dans les yeux de son enfant et qui se retrouvait dans la situation de Caïn, étouffée, avec l’impression de ne plus jamais pouvoir y échapper. Je me suis réveillé en pleine nuit et j’ai noté sur un carnet au bord de mon lit deux phrases : femme violée, naissance, impossible de supporter le regard de son enfant quelques années plus tard. Et c’est ce qui m’a donné le déclic. Ecrire, c’était un rêve de gosse. Il aura fallu que j’attende un rêve d’adulte pour avoir une histoire qui valait le coup de s’y mettre !"

Avez-vous un secret pour parler aussi bien des femmes ? Ou êtes- vous alors très observateur ?

"Je suis entouré de femmes… Marié, deux filles, je n’ai que ça à la maison. C’est un terrain d’observations sans limites de temps ou d’espace. Plus sérieusement, il y a longtemps, j’ai entretenu de longues correspondances avec des femmes, à l’époque où l’on racontait sa vie en un peu plus de 140 signes, où l’on couchait ses sentiments, ses peurs, ses joies sur des feuilles de papier et où une journée n’avait jamais la même saveur selon qu’une lettre nous attendait ou pas. Ces relations épistolaires m’ont beaucoup appris sur le cœur des femmes. Et puis, pour tout vous dire, je crois que j’aurais aimé être une femme. Alors l’écriture c’était une occasion unique de m’y risquer sans risques…"

Quels sont les auteurs qui vous inspirent ? Ceux dont vous ne ratez pas les sorties ? Lisez-vous beaucoup ?

"Je suis un lecteur compulsif. Comme vous, un à deux romans par semaine. Je lis de tout, des polars, des romans contemporains, des classiques. J’aime les auteurs qui me bousculent, qui me surprennent par leur écriture, qui me tiennent éveillés par leur narration. J’ai adoré Yann Queffelec pour la violence des sentiments, Sébastien Japrisot pour l’art du suspens et de l’inattendu pas téléphoné, Dostoievski pour sa compréhension de l’âme humaine, Alexandre Dumas et Victor Hugo pour leur don indécent à manier à la fois l’analyse et la tension, et San Antonio pour sa langue. Aujourd’hui, je guette Valentine Goby et Alessandro Barrico. « Un paquebot dans les arbres » et « Mr Gwynn » sont deux merveilles sur lesquelles vos abonné(e)s devraient se précipiter."

Combien de temps consacrez-vous par jour à l'écriture ?

"J’ai un travail très prenant. Quand j’écris, c’est le soir, quand tout le monde est couché. Je ne raisonne pas en temps, mais en production, comme un artisan. Quand j’ouvre mon ordinateur et que je me mets à écrire, je ne quitte pas l’écriture avant d’avoir accouché d’au minimum 2500 signes. C’est un peu une superstition."

Dans quelle pièce de votre habitation vous sentez vous le plus à l'aise pour écrire ?

"La plupart du temps, j’écris vautré sur mon canapé, allongé, tête relevée, l’ordinateur sur les genoux. Et j’écoute le concerto pour piano n°20 de Mozart. Mes filles se marrent, et disent, ça y est, papa est reparti dans l’écriture !"

Je vais partir très prochainement à la découverte de votre dernier livre "un fils parfait", avez-vous un message à faire passer au lecteur au travers de ce roman ?

"Je veux d’abord leur faire passer un bon moment, avant de leur faire passer un message. Je veux les énerver, les choquer, les stresser, les faire vibrer, angoisser, reprendre espoir et s’en sortir avec mon héroïne Daphné. Après, si des messages passent sur à quel point les violences faites aux femmes et aux enfants ne sont pas encore suffisamment bien traitées dans notre pays, ce sera du bonus !"

Je remercie très chaleureusement Mathieu Menegaux pour avoir pris quelques minutes pour répondre à mes questions. Surtout retenez son nom et n'hésitez pas à aller le rencontrer lors des séances de dédicaces. De mon côté, "un fils parfait" est prévu dans mes lectures de cet été.